La magie de Maman – Entretien avec les auteures

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Bonjour à toutes les deux ! Vous êtes des nouvelles venues chez Nats Editions… Pouvez-vous vous présenter, svp ?

M.S: Bonjour, Je m’appelle Marguerite ou Margot pour les intimes, j’ai 35 ans et depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours aimé écrire et inventer des histoires. Peut-être parce que cela me permettait, à travers mon imaginaire de changer le monde et de le transformer comme bon me semble. Je suis handicapée moteur de naissance, je n’ai donc jamais pu courir comme les autres enfants, alors dès que j’ai su lire et écrire, j’ai compensé en voyageant et en jouant avec les mots.

Depuis, je n’ai jamais arrêté d’écrire.

Je me suis toujours destinée à une carrière littéraire. J’ai fait des études d’italien et en parallèle, j’ai suivi une formation au métier de correctrice, car finalement, ma passion revenait toujours aux lettres et aux métiers de l’édition.

Donc aujourd’hui, j’écris et je corrige.

En 2016, j’ai publié mon premier album jeunesse Mamie Brioche, mais la maison d’édition a malheureusement fermé ses portes aujourd’hui. Mais qui sait? Peut-être qu’un jour, je trouverai un nouvel éditeur pour ce livre…

En attendant, La Magie de maman sera donc mon deuxième album ayant eu le privilège d’être édité. Merci Natalie d’avoir cru en moi.

S.D: Je suis toute nouvelle… pas que chez Nats Editions, en fait je débute à peine dans le milieu de l’illustration jeunesse. La Magie de maman est mon tout premier « bébé » en tant qu’illustratrice et je vous remercierai jamais assez toi et Margot de m’avoir donné la chance de réaliser mon rêve : pouvoir dessiner pour les enfants.


La magie de Maman parle donc du quotidien d’une maman en fauteuil roulant. Pourquoi avoir choisi de travailler sur ce thème ?

M.S: Tout simplement, parce que je suis moi-même une maman en fauteuil roulant. À la naissance de ma fille il y a 3 ans, j’ai eu envie d’écrire une histoire pour elle. Je me suis aussi dit, que plus tard, peut-être, elle se demanderait pourquoi sa maman roule au lieu de marcher, j’ai alors voulu que cette histoire, lui montre avec tendresse et humour qu’avoir une maman “différente” pouvait aussi être quelque chose de positif.

S.D: Je suis tombée sur un message de Margot sur un forum dédié à la littérature jeunesse. Elle y présentait son projet et cherchait une personne pour l’illustrer. Je lui ai fait part de mon intérêt et de mon envie de pouvoir mettre en image son histoire. C’est comme cela que tout à commencé.


Les enfants ont parfois un regard appuyé sur les gens “différents”, soit par curiosité, soit par ignorance… Marguerite, es-tu parfois mal à l’aise face à ces regards ? Pensez-vous toutes les deux qu’un tel ouvrage pourrait répondre à leurs interrogations ?

M.S: Durant mon enfance et mon adolescence, le regard des autres me gênait et me faisait perdre confiance en moi. Mais avec le temps et l’expérience, aujourd’hui, je n’y prête même plus attention. Si je m’arrêtais à cela, je ne vivrais plus. De plus, je trouve que les enfants ont certes, parfois des regards “appuyés” sur les différences, mais ils ne demandent qu’à apprendre ce qu’ils ignorent. Parfois ils interrogent leurs parents qui se sentent mal à l’aise et qui ne savent pas quoi répondre. Mais je pense, qu’au contraire, plus on leur explique le pourquoi du comment, mieux c’est. Cela en fera des adultes ouverts d’esprit qui n’auront plus peur du handicap.

Si un enfant me demande pourquoi je suis en fauteuil, cela ne me vexe pas, au contraire, je suis contente de pouvoir lui apprendre que dans la vie nous ne sommes pas tous physiquement égaux. Souvent lorsque l’enfant a compris et qu’il ne se pose plus de questions, alors pour lui, peu importe, fauteuil ou pas, je suis une personne comme une autre.

Le regard interrogateur des enfants sur le handicap ne me choque pas, pour eux c’est souvent une découverte et leurs réactions peuvent être normales.

En revanche, c’est parfois le regard ou la gêne des adultes que je trouve inappropriés.

Et bien sûr qu’en écrivant cet ouvrage, j’ai aussi pensé à ce qu’il pourrait enseigner aux jeunes lecteurs qui l’ouvriront. J’espère donc bien qu’il répondra à leurs interrogations ou du moins qu’il les aidera à voir les choses autrement.

S.D: Mettre en images le handicap pour l’expliquer à des enfants à été pour moi le « truc » qui m’a fait vouloir travailler avec Margot. Le sujet n’étant pas évident à aborder avec des enfant, c’est justement cela qui m’a attiré sur son histoire. Quand j’ai répondu au message de Margot, je ne savais pas encore que c’était de sa propre histoire dont il s’agissait. Après discussions, nous nous sommes rendues compte que nous avions toutes les deux des enfants du même âge et nous sommes rejoint sur la même envie de pouvoir leur raconter la vision d’une maman handicapée qui été peut être pas toujours comme les autres… elle été mieux que normale, elle été magique.


La magie de Maman est dédié à la mémoire de Black, qui a été le premier Handi’chien de Marguerite, et dont le travail est expliqué dans les bonus du livre. Peux-tu nous expliquer la place de ces chiens dans ton quotidien, stp ?

M.S: J’ai toujours aimé les chiens et lorsque j’ai découvert les chiens formés par Handi’chiens, j’ai trouvé cela génial ! Black, n’a fait que me conforter dans le fait que les chiens sont des animaux extraordinaires. Mon quotidien n’est pas toujours des plus simples et un Handi’chien me permet de me le faciliter un peu. Gain d’autonomie, car plus besoin de demander à quelqu’un de me ramasser un objet tombé par terre ou de l’aide pour ouvrir ou fermer une porte, mon chien le fait avec plaisir pour moi… Et il y a aussi, le côté non négligeable du soutien moral. Même si je ne suis je ne suis pas du genre à m’en plaindre, vivre avec un handicap comme le mien, engendre souvent beaucoup de fatigue, des douleurs, des frustrations de ne pas pouvoir faire telles ou telles choses, un ras le bol d’être dépendante de mes proches ou de mon auxiliaire de vie…. Mais depuis que je partage ma vie avec un Handi’chien, tout ceci me semble plus supportable. Lorsque je me sens mal, je sais que je peux toujours trouver du réconfort auprès de mon chien.

Puis, lorsque je suis seule chez moi, cela me rassure d’avoir mon chien. S’il m’arrive quelque chose, il peut aboyer sur demande pour alerter le voisinage d’un problème ou bien m’apporter le téléphone pour prévenir quelqu’un si je ne suis pas en mesure de l’attraper.

Ce sont des chiens très câlins et très réceptifs, qui ont sur moi un pouvoir apaisant. Du moins, Black était ainsi. Au moment où je réponds à cette question, cela ne fait même pas une semaine que j’ai fait mon stage de renouvellement auprès d’Handichiens et que je suis rentrée chez moi en compagnie de Nox, un jeune et beau Golden Retriever. Nous sommes donc encore en train d’apprendre à nous connaître et à tisser notre lien. Mais sa présence me fait déjà énormément de bien.

Black et moi étions très fusionnelles et lorsqu’elle est décédée après avoir partagé ma vie pendant 10 ans, j’ai ressenti un immense vide. Un vide que Nox m’aide petit à petit à combler.

J’aime déjà énormément Nox qui m’apporte beaucoup en si peu de temps et Black restera toujours dans mon coeur, pour cette raison je suis heureuse de lui dédier La magie de maman.

Pour n’importe qui, qui a un chien, cet animal prendra une grande place dans le quotidien, mais pour une personne en fauteuil avec un Handi’chien, je pense que cela est encore plus vrai, car il fait partie intégrante de la vie de son binôme  Lorsque Black est partie, j’ai eu l’impression de perdre une partie de moi. C’est dire la place qu’elle avait prise.


Avez-vous des projets ?

M.S: Oui, toujours. J’écris presque tout le temps et même si j’ai un peu moins de temps depuis que je suis maman, mon imagination ne s’arrête jamais. Parfois, il suffit que je me promène, que je vois un arbre rigolo ou que je regarde les gens pour penser à une idée d’histoire.

Actuellement, je travaille encore en binôme avec Stéphanie, sur un autre album jeunesse. Ainsi que sur d’autres projets avec différents illustrateurs.

J’aimerais aussi réussir à trouver le temps de m’atteler à l’écriture d’un roman et arriver à me remettre et à terminer un récit autobiographique sur mon parcours et ma vie avec mon fauteuil. Mais ça, ce sont deux projets d’écriture qui demandent beaucoup plus de temps, d’investissement et de concentration, que les albums pour enfants, alors, comme on dit, ça prendra le temps que ça prendra…

S.D: Je continue mon aventure dans le monde de l’illustration jeunesse. Travailler sur ce projet à été pour moi une révélation. J’ai une autre publication prévue dans les prochains mois, où j’endosse cette fois le rôle d’auteure-illustratrice. J’y raconte l’histoire d’un petit garçon, Tany qui rencontre son ami imaginaire. D’autre part je continue à travailler en binôme avec Margot sur une autre histoire, on ne change pas une équipe qui gagne comme on dit. Pour la suite, j’ai un autre projet en cours avec une autre auteure. Autant dire que j’ai commencé avec La Magie de maman et sa magie m’a fait prendre mon envol. Merci encore à vous de m’avoir donné ma chance.

Merci pour vos réponses ! 🙂

Comme sur des roulettes – Entretien avec Laura Ferret-Rincon

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Bonjour Laura, chez Nats Editions, nous te connaissions comme blogueuse partenaire, ancienne stagiaire et maintenant, autrice ! 🙂 Mais Comme sur des roulettes n’est pas ton premier roman. Parle-nous de ton parcours.

L.F-R. : Bonjour Natalie, je suis ravie d’avoir rejoint l’équipe de Nats Editions du côté écriture de la force ! C’est une véritable consécration pour moi qui adore son catalogue !

Concernant mon parcours, je ne vais pas faire dans l’originalité ! J’écris depuis l’enfance. J’ai commencé par des poèmes et textes en vers libres, avant d’achever mon premier vrai roman de fantasy à l’âge de quatorze ans. Ce dernier est resté dans un tiroir mais m’a permis de prendre conscience de la place qu’avait l’écriture dans ma vie.

Cette passion a influencé toute ma scolarité m’amenant à suivre des études de lettres modernes et un master de création littéraire. C’est en 2016 que j’ai fait mes premiers pas dans l’édition avec mon roman d’anticipation Uneksa, paru chez Hugues Facorat. Mon second roman de dark fantasy Le royaume sous les cendres est paru chez feu Boz Dodor en 2017. Il est aujourd’hui orphelin.

Comme sur des roulettes marque un point de rupture dans mon parcours, à savoir, ma rencontre avec le contemporain ! Il était à l’origine mon projet de fin d’année du master création littéraire, je l’ai retravaillé pendant plus d’un an avant de le soumettre aux éditeurs ! Dans la mesure où ton catalogue compte déjà plusieurs thématiques de société, je suis heureuse qu’il ait trouvé une place ici !


Présente-nous Comme sur des roulettes, stp…

L.F-R. : Comme sur des roulettes est un roman qui s’interroge sur l’adolescence, et, plus particulièrement, sur le fait d’être une adolescente en situation de handicap. Cela faisait des années que je souhaitais aborder cette thématique, mais je voulais avant tout raconter une histoire, et non écrire une tribune. Et cette histoire, c’est celle d’Héloïse, 15 ans, et de son quotidien au lycée avec ses premiers amours, ses doutes sur l’avenir, et ses rapports familiaux parfois difficiles.


Comme Héloïse, tu te déplaces en fauteuil roulant depuis toujours. Est-ce que ton roman est autobiographique ?

L.F-R. : J’ai en effet un handicap moteur depuis ma naissance, ce qui explique l’importance qu’avait pour moi cette thématique. L’expérience d’une vie en fauteuil a évidemment grandement influencé mon écriture, puisque j’ai été confrontée de façon tangible au regard des autres, au rejet, mais aussi à la volonté de montrer que le fauteuil ne me définissait pas.

Tout au long de l’écriture, j’ai puisé dans mon vécu, sans jamais toutefois basculer dans l’autobiographie. Je m’inspirais des ressentis, et non de mes souvenirs, afin que le roman conserve une valeur universelle.

L’objectif n’est pas de parler de moi, mais bien d’Héloïse.


Pourquoi avoir choisi le théâtre pour faire sortir Héloïse de sa coquille, plutôt qu’un handisport ou autre passion ?

L.F-R. : C’est une question pertinente. Le théâtre s’est imposé à moi pour deux raisons. La première, je trouvais intéressante l’idée que jouer un rôle permette en définitive de se construire et de développer sa confiance en soi. La seconde, le théâtre n’est pas « réservé » aux personnes handicapées, comme peut l’être le handisport. De fait, Héloïse est convaincue qu’elle ne pourra pas monter sur les planches, ce qui la conduit à dépasser la barrière de sa propre peur. C’est une preuve supplémentaire (s’il en fallait) qu’elle aussi peut accéder à ses rêves.


À titre personnel, penses-tu que fauteuil roulant et voyages soient compatibles ?

L.F-R. : J’ai la chance d’avoir beaucoup voyagé… Mais d’être également très bien entourée ! Or, lorsqu’on est en fauteuil roulant, l’accessibilité reste un problème majeur (ce n’est pas une nouveauté, hélas). Il existe bien sûr des services comme Accès Plus, qui propose un accompagnement aux personnes souhaitant prendre le train par exemple, mais ces initiatives restent encore trop timides. Bon nombre d’hôtels dits « adaptés » ne le sont en réalité que très peu. Voyager en fauteuil roulant est difficile, mais pas incompatible, même si cela demande un peu plus d’organisation. Héloïse en est la preuve ! ?


As-tu d’autres romans en cours d’écriture ?

L.F-R. : Toujours ! Je ne connais pas les pauses !

Plus sérieusement, je travaille à l’heure actuelle sur un roman Young-Adult dont le premier jet est presque achevé. En parallèle, je corrige également un roman contemporain psychologique aux antipodes de ce que j’ai déjà écrit. Les deux devraient être terminés à la fin du mois de mars dans la mesure où je me consacre désormais à l’écriture ! ?


Question spoil :
cliquez ici pour la découvrir 😉

Merci ! 🙂

Merci à toi pour cette interview très riche.